Pranayama : origine, buts et méthodes

Pranayama Shakty Mooni Yoga

Le pranayama, contrôle du souffle vital (prana = souffle vital ; yama = contrôle, maîtrise), est au cœur de la pratique du yoga depuis les plus anciennes descriptions de techniques de yoga.

 

Prana et pranayama

Le prana apparait déjà en tant que souffle vital dans l’Atharva Veda (1500 à 1000 avant notre ère). Si le contrôle du souffle n’est pas encore mentionné, ce texte prescrit l’union de deux souffles pour atteindre l’immortalité. Dans la Chandogya Upanisad (700 à 500 avant notre ère), la relation entre le souffle et l’esprit est établie.

Le Bouddha (5e siècle avant notre ère) pratiquait des rétentions de souffle prolongées.

Le pranayama est cité sous ce nom dans le Mahabharata (épopée indienne achevée autour du 3è siècle notre ère).

Il est l’un des huit auxiliaires dans les yogasutra de Patanjali (3e siècle de notre ère), utilisé pour ralentir l’activité mentale ; il fait partie de tous les systèmes de yoga tantrique comprenant six auxiliaires (6e au 13è siècle de notre ère) ; il constitue, avec les shatkarmani, ablutions du yogi, l’un des quatre chapitres de la Hatha Pradipika (15e siècle), l’ouvrage de référence du hathayoga.

Le contrôle du souffle était considéré comme une technique extrêmement puissante (pour atteindre notamment la libération), mais aussi très difficile (et il est pour cette raison souvent assimilé au tapas, la pratique de l’ascèse) et parfois même dangereuse !

Ainsi, tous les yogis n’étaient pas favorables à la pratique du pranayama. Plusieurs sages, à l’image d’Abhinavagupta (shivaïsme tantrique non dualiste du Cachemire – 10e siècle), ont déconseillé la pratique du contrôle du souffle, la considérant comme dangereuse et/ou nuisible au corps.

 

Pourquoi le pranayama était il pratiqué ?

La conception la plus répandue dans les exposés de yoga est l’utilisation du pranayama comme technique destinée à l’expiation (après de mauvaises actions) et à la purification. Dans les textes tantriques par exemple, trois cycles de pranayama sont souvent prescrits pour purifier le corps (et notamment les nadis, les canaux) avant le rituel.

S’il est une technique préliminaire de purification sous sa forme élémentaire, le contrôle du souffle peut permettre d’atteindre les buts du yoga les plus élevés. Utilisé pour obtenir des pouvoirs (siddhis) et stabiliser l’esprit, c’est un moyen de choix pour atteindre la libération. Contrôler l’esprit en contrôlant le souffle peut mener directement à la libération.

 

Comment le pranayama était il pratiqué ?

Le pranayama était initialement uniquement une pratique de rétention prolongée du souffle. Le souffle devait être retenu aussi longtemps que possible ou jusqu’à l’épuisement.

Les tantriques développèrent par la suite nadi shodhana, la méthode de respiration par narine alternée que nous pratiquons encore aujourd’hui. Il s’agit ici d’une méthode de purification des conduits énergétiques (les nadis), préalable au rite ou à la pratique.

Les techniques de contrôle de souffle connurent d’importants développements pendant la période médiévale (hathayoga). Dans la Hatha Pradipika (compilée au 15è siècle) sont listées de nombreuses méthodes de respiration, que l’on pratique aujourd’hui encore, comme ujjayi, la « victorieuse », shitali, la « rafraichissante » ou encore bhastrika. Toutes s’accompagnent de kumbhakas, de rétentions de souffle. Lorsque ces techniques sont maîtrisées, le yogi peut pratiquer la technique avancée kevala kumbhaka, « la rétention de souffle non accompagnée ». Celle-ci consiste en des kumbhakas purs et simples, des rétentions sans inspiration ni expiration que le yogi est capable de maintenir à sa guise, et qui lui permettent de développer diverses facultés surnaturelles.

Dans le yoga ancien (védique et tantrique), le contrôle du souffle devait être accompagné de la récitation mentale de mantras. Les textes de hathayoga en revanche n’utilisent en général pas de mantras complexes ; ils proposent le plus souvent la récitation mentale de la syllabe Om.

 

Si sa forme et les motivations de son utilisation ont évolué, le pranayama est donc, depuis les origines du yoga, un outil essentiel utilisé par les ascètes et les yogis.

 

Sources : Les racines du yoga – James Mallinson et Mark Singleton / Yoga, 2500 ans d’histoire – Clémentin Erpicum




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