La pratique des asana – dans son sens actuel de posture corporelle, voire de mouvement physique dynamique répété – est centrale dans la pratique moderne occidentale du yoga. La quasi-totalité des cours de yoga intègrent aujourd’hui un travail de postures, debout, assises ou allongées.
Qu’en était il il y’a 2000 ans ?
Dans le yoga ancien : yoga sutras de Patanjali et traditions tantriques
Dans le yoga ancien, le terme asana désignait un siège ou bien une façon de s’asseoir.
Que cela soit dans le Patanjalayogasutra, texte le plus étudié aujourd’hui par les adeptes du yoga en Occident, écrit entre le IIè et le IVè siècle de notre ère ; ou dans la multitude de textes tantriques datant de la seconde moitié du premier millénaire (dont beaucoup comprennent des enseignements sur le yoga), les asana décrites sont toutes des postures assises relativement simples.
Dans le yoga médiéval : hathayoga
Ce n’est qu’à partir de la composition des textes de hathayoga dans la première moitié du second millénaire, qu’apparaissent des descriptions systématiques d’asana yogiques autres que des postures assises. Mayurasana, la posture « du paon » et Kukuttasana, la posture « du coq », furent ainsi les deux premières postures non assises incluses dans des textes datant respectivement du Xè siècle et XIIIè siècle. Le texte de hathayoga le plus célèbre, la Hathapradipika, composée au XVè siècle, décrit quinze asana dont huit ne sont pas des postures assises. Après la Hathapradipika, les postures vont se multiplier et devenir de plus en plus centrales dans les textes de hathayoga.
Il est important de souligner que bien que les postures non assises ne soient pas décrites dans les textes de yoga avant le Xè siècle, les ascètes indiens les utilisent depuis au moins 2500 ans, à travers diverses mortifications physiques extrêmes, comme la suspension à un arbre par les pieds ou la tenue debout prolongée sur une jambe.
Dans le yoga « moderne »
A partir de la fin du XIXè siècle, le yoga, jusqu’alors discipline ancrée dans une culture indienne aux spécificités très fortes, va devenir en quelques générations l’enjeu d’échanges croisés entre « Orient » et « Occident ». Plusieurs indiens charismatiques, à l’image de Yogendra, Kuvalyananda, Shivananda ou encore Krishnamacharya construiront leurs systèmes dans les années 20-40, et seront les initiateurs du yoga moderne centré sur l’asana.
Aujourd’hui, ce yoga moderne privilégie, soit l’immobilité dans les postures, soit leur enchaînement par des mouvements fluides. Dans les deux cas, il rompt avec l’approche méditative du hathayoga décrite dans la Hathapradipika, dont le but était de tenir le plus longtemps possible les asana à finalité méditative sans être distrait par les mouvements involontaires.
Sources : Les racines du yoga – James Mallinson et Mark Singleton / Yoga L’encyclopédie – Sous la direction de Ysé Tardan-Masquelier.
Un bel article pour présenter la position des asanas à travers l’histoire, merci 🙏